Dès la fin du XVIII^e siècle est apparue l'opinion selon laquelle les Rois Catholiques, dans un but mercantile, auraient délibérément favorisé l'élevage - et particulièrement l'élevage transhumant - au détriment des cultures, laissant les mains libres aux grands propriétaires de troupeaux regroupés au sein de la Mesta. Notamment illustré par Julius Klein (The Mesta, 1920), ce courant historiographique est aujourd'hui contesté. Le dépouillement du Registro General del Sello, un fonds d'un intérêt exceptionnel couvrant les années 1475 à 1516 et renfermant des documents concernant plus de 1.600 litiges relatifs à l'élevage, a permis à l'auteur de décrire avec précision l'évolution de l'élevage local, puis de l'élevage transhumant, et de proposer un essai de cartographie des cañadas, qui reliaient les pâturages d'été aux régions d'hivernage. Restaurateurs plutôt qu'innovateurs, capables de fermeté à l'égard des grands éleveurs, les Rois Catholiques semblent s'être surtout préoccupés, au sortir d'une période de recul démographique et de récession agricole, de maintenir de façon pragmatique un équilibre certes fragile entre élevage local, élevage transhumant et cultures.